Skip to main content
Skip to main content

Swine Health and Production — Dx Notes: Chlamydiae

   

 Diagnostic notes

Novembre et Decembre, 1996

Les Chlamydia sont-elles des pathogènes du porc ?

Arthur A. Andersen, DVM, PhD ; Douglas G. Rodgers, DVM, PhD.

AAA: USDA, Agriculture Research Service, National Animal Disease Center, Avian and Swine Respiratory Diseases Research Unit, PO Box 70, Ames, Iowa 50010; DGR: Veterinary Diagnostic Center, University of Nebraska, Lincoln, Nebraska 68583­0907.
Nous remercions nos confrères Alex Hogg, Dan Nielsen, Michael Hubert et James Illg pour leur aide dans les enquêtes de terrain.

Copyright (C) 1996, American Association of Swine Practitioners.
Available also in English: HTML, PDF
Diagnostic notes are not refereed.


Résumé: La prise de conscience de l’existence des maladies à chlamydies et l’apparition de méthodes d’isolement plus performantes ont relancé ces dernières années les études sur les Chlamydia porcines. Six souches différentes de Chlamydia ont été isolées de cas d’entérite, de pneumonie et de conjonctivite de porcs en maternité, en post-sevrage et finition. Elles sont toutes du genre C. trachomatis, et ressemblent aux souches humaines de la même espèce, bien que leur caractérisation moléculaire montre une nette différence entre les souches de ces deux origines. Dans le cas présent, seules sont discutées l’entérite, la pneumonie et la conjonctivite liées à la présence de chlamydies. Cependant ce germe peut aussi être associé à des troubles de la reproduction et à de l’arthrite.

Le premier isolement de chlamydies à partir de cas d’arthrite et de péricardite chez le porc a été rapporté aux États-Unis dans les années ’50 1. Cependant, bien qu’ayant fait l’objet de quelques isolements peu fréquents, les chlamydies porcines n’ont depuis été l’objet d’aucune tentative de reproduction expérimentale de maladie. En Europe, des Chlamydia ont également été isolées à partir de cas d’arthrite. Cependant, en raison du peu d’études qui y ont été consacrées, la signification pathologique de ces isolements n’est pas connue. Bien que les isolements de chlamydies des voies reproductrices de truies soient rares, les récents et fréquents épisodes de troubles de la reproduction inexpliqués ont relancé l’exploration du pouvoir pathogène de ces germes.

Chlamydia spp.

Le genre Chlamydia contient plus de soixante souches, qui infectent les oiseaux et/ou les mammifères, l’Homme inclus. Ces souches sont regroupées en quatre espèces, selon le type de maladie qu’elles provoquent et l’espèce hôte qu’elles infectent : C. trachomatis, C. psittaci, C. pneumoniae et C. pecorum. Cependant, l’utilisation de techniques biomoléculaires a réorganisé cette classification en neuf groupes distincts, qui correspondent aux spécificités d’hôtes, aux maladies produites et à la virulence de chaque souche. Ce regroupement divise l’espèce C. trachomatis en trois sous-groupes (souches humaines, murines et porcines) et l’espèce C. psittaci en quatre sous-groupes (souches abortives, félines, aviaires et du cochon d’Inde) ; les deux dernières espèces sont inchangées.

Le tableau 1 résume les groupes de chlamydies, leurs hôtes et les maladies qu’elles provoquent.

Les enquêtes de terrain

Des enquêtes de terrain ont été menées dans des exploitations du Nebraska et de l’Iowa. Des Chlamydia ont été régulièrement isolées, à tous les stades de la production,2 à partir de frottis conjonctivaux de porcs atteints de conjonctivites ou de kératoconjonctivites. Dans de nombreux cas (surtout en maternité et en post-sevrage), les porcs atteints de conjonctivite présentaient également une diarrhée ; leur autopsie révélait également une pneumonie. Alors que tous les germes pathogènes respiratoires et digestifs semblaient connus, des Chlamydia ont été isolées ou détectées à partir des intestins ou des poumons de ces porcs.

Les infections expérimentales

L’objectif des études expérimentales3-5 était de déterminer si diverses souches de C. trachomatis isolées de porcs atteints de conjonctivite, pneumonie et entérite pouvaient provoquer ces troubles cliniques chez des porcs EOPS (exempts d’organismes pathogènes spécifiques). Il a été fait recours aux porcs EOPS car dans les infections naturelles, les pathogènes digestifs et respiratoires classiques étaient isolés en même temps que C. trachomatis.

La pneumonie

Inoculée par voie nasale et intralaryngée3 à des porcs EOPS, une souche de C. trachomatis originellement isolée de porcelets en post-sevrage atteints de pneumonie, a provoqué une pneumonie. Chez plusieurs des porcs, l’inoculation a été suivie d’une sévère dyspnée, voire d’une dépression respiratoire. Cependant, la majorité des animaux n’a développe qu’une dyspnée légère au cours des 35 jours de l’étude. Chez les porcs sacrifiés entre 7 et 21 jours post-inoculation, d’importantes lésions de bronchopneumonie ont été notées à l’autopsie. Chez les porcs sacrifiés entre J28 et J35, les lésions de bronchopneumonie étaient moins sévères, moins étendues, moins en damier et leur distribution était plus lobulaire.

Les animaux inoculés ont développé une diarrhée, sans doute après avoir avalé une partie de l’inoculum intranasal. Des chlamydies ont été isolées des intestins de ces animaux diarrhéiques et l’histologie de sections d’iléon a montré une atrophie des villosités.

L’entérite

Deux souches distinctes de C. trachomatis, isolées de porcelets diarrhéiques en post-sevrage, ont permis une reproduction expérimentale des troubles digestifs.4 La diarrhée obtenue n’a jamais été abondante, mais elle est devenue profuse à la manipulation (??handling??) de quelques animaux.

A l’autopsie, tous les porcs diarrhéiques ont présenté un contenu colique aqueux, comportant des particules non digérées de lait caillé. La présence de chyle dans les ganglions mésentériques était inconstante. A l’histologie du petit intestin, une atrophie limitée à sévère des villosités a été retrouvée chez les porcelets diarrhéiques. Quelques porcelets, à qui une forte quantité de germes avait été administrée per os, ont développé une nécrose des villosités intestinales.

La conjonctivite

Une autre souche de C. trachomatis, isolée de porcs charcutiers en finition qui présentaient de la conjonctivite ou kératoconjonctivite, a été inoculée dans le sac conjonctival de porcs EOPS.5 Aucun des porcs inoculés n’a développé de conjonctivite ni de kératoconjonctivite pendant les 28 jours de l’étude.

Cependant, l’examen histologique sur des porcs sacrifiés sept jours post-inoculation a révélé une conjonctivite modérée. Les porcelets autopsiés par la suite n’ont présenté qu’une conjonctivite bénigne. Plusieurs ont présenté une diarrhée 8 à 9 jours après l’inoculation, vraisemblablement après avoir avalé l’inoculum administré par voie conjonctivale. A nouveau, la chlamydie a été isolée du tube digestif de ces animaux et l’histologie du jéjunum et de l’iléon5 a montré une atrophie des villosités.

Discussion

Malgré la reproduction expérimentale de pneumonie, d’entérite et de lésions histologiques de conjonctivite par des souches distinctes de C. trachomatis, la question reste : les souches de C. trachomatis sont elles pathogènes pour les porcs en production ? Nous espérons que la surveillance sanitaire renforcée et les études expérimentale aideront à répondre, mais nous soupçonnons que la réponse est "oui". Il semble que es chlamydies soient des pathogènes intestinales du porcelet car les lésions intestinales observées sur des porcs EOPS ayant ingéré des C. trachomatis sont semblables, sinon identiques, à celles décrites pour la chlamydiose intestinale du porcelet.5 Dans ces études, la plupart des porcelets EOPS n’ont pas exprimé de symptômes sévères, ce qui suggère que les souches de C. trachomatis seules ne causent qu’une infection bénigne ou subclinique chez les animaux en production. Bien sûr, n’importe quel symptôme exprimé par les porcs infectés par ce germe pourrait être modifié par des facteurs environnementaux et/ou la présence d’autres agents pathogènes : bactéries, mycoplasmes ou virus.

Le fait que des porcelets atteints de conjonctivite en maternité ou en post-sevrage aient aussi été atteints de pneumonie et d’entérite et l’identification de C. trachomatis dans les conjonctives, intestins et poumons de ces porcelets au cours des enquêtes terrain est digne d’intérêt. Nous avons supposé que C. trachomatis provoque un syndrome "conjonctivite-pneumonie-entérite" semblable à celui rencontré chez les enfants nés de mères présentant une infection génitale à C. trachomatis .6 Les résultats de nos études expérimentales tendent à soutenir cette hypothèse.

A propos du diagnostic

Les laboratoires d’analyses vétérinaires ne recherchent pas actuellement en routine les Chlamydia chez les porcelets. Il est cependant recommandé de les rechercher dans les cas d’entérite ayant des caractéristiques d’infection virale ou de coccidiose, lorsqu’aucun pathogène n’a été identifié. L’isolement et l’identification microbiologique de la bactérie sont les meilleures méthodes diagnostiques actuellement disponibles.

Pour les souches porcines, ces méthodes n’ont cependant connu qu’un succès partiel. En effet, l’isolement initial de ces bactéries est délicat et les techniques de culture "classiques" doivent être modifiées. L’immunohistochimie sur coupe histologiques semble prometteuse, d’autant que de nombreux laboratoires d’analyses s’équipent d’automates pour ces colorations. C’est une technique spécifique et sensible.

L’ELISA est devenu très populaire car c’est une technique d’utilisation aisée. Les kits ont été conçus pour détecter les souches humaines de C. trachomatis. Mais comme ils détectent l’antigène de groupe des chlamydies, ils détecteront toutes les souches. Leurs principaux inconvénients sont leur coût et leur manque de sensibilité. Nous avons eu des faux positifs dans quelques essais. Cela peut être imputé au grand nombre de spécimens utilisés ou à des réactions croisées avec d’autres bactéries gram négatives.

Lorsque l’on emploie ces kits, trois conditions doivent être satisfaites pou établir un diagnostic positif de chlamydiose en élevage :

Les tests de diagnostic par amplification génique (PCR) sont en cours de développement pour l’usage vétérinaire. Celui développé pour la souche humaine de C. trachomatis lui est spécifique et ne détectera aucune autre souche. Leur sensibilité est bonne et s’améliore avec le contrôle de l’isolement du laboratoire. Lorsque les tests "vétérinaires" seront au point, ils permettront un diagnostic de chlamydiose en routine, s’ils sont abordables.

La sérologie n’a jamais été un bon outil diagnostic pour les chlamydioses animales : l’anticorps contre l’antigène majeur est répandu et le nombre de souches différentes est trop grand. Le kit sérologique standard est un test de fixation du complément. Les premiers taux d’anticorps sont détectables dix à quatorze jours après l’infection mais sont éphémères. Des réactions croisées avec des anticorps dirigés contre d’autres bactéries gram négatives peuvent se produire, comme pour la plupart des ELISAs. Aussi, nous utilisons des tests par microimmunofluorescence, qui détectent l’anticorps fixé aux protéines de la membrane externe des chlamydies. Les titres qu’ils détectent restent élevés plus longtemps. Un sondage a montré que la plupart des porcelets présentent un titre détectable avant l’âge de huit semaines.

Traitement

L’efficacité des antibiotiques sur les Chlamydia n’est pas connue. Les tétracyclines sont la référence pour le contrôle des infections humaines et animales à Chlamydia. En médecine porcine, l’emploi des tétracyclines semble être bénéfique, bien qu’il soit limité dans la durée. Une étude de nos isolats d’origine porcine a montré que ces souches sont dix à cent fois plus résistantes à la tétracycline que la plupart des souches. Ce qui expliquerait l’efficacité limitée de ces antibiotiques. Nous n’avons pas analysés d’autres xénobiotiques. Aucun vaccin porcin n’est disponible. Des vaccins produits pour d’autres espèces animales n’ont probablement aucune efficacité chez le porc, puisque les profils sérologiques des souches sont très différents.


References

1. Willigam DA, Beamer PD. Isolation of a transmissible agent from pericarditis of swine. JAVMA. 1955;126:118-122.

2. Rogers DG, Andersen AA, Hogg A, Nielsen DL, Huebert MA. Conjunctivitis and keratoconjunctivitis associated with chlamydiae in swine. JAVMA.1993;203:1321-1323.

3. Rogers DG, Andersen AA, Hunsaker BD. Lung and nasal lesions caused by a swine chlamydial isolate in gnotobiotic pigs. J Vet Diagn Invest. 1996;8:45-55.

4. Rogers DG, Andersen AA. Intestinal lesions caused by two swine chlamydial isolates in gnotobiotic pigs. J Vet Diagn Invest. (In press).

5. Rogers DG, Andersen AA. Unpublished data.

6. Nietfeld JD, Janke BH, Leslie-Steen P, Robinson DJ, Zeman DH. Small intestinal Chlamydia infection in piglets. J Vet Diagn Invest. 1993;5:114-117.

7. Schachter J. Overview of Human Diseases In: Microbiology of Chlamydia, ed. AL Barron. Boca Raton, Florida: CRC Press, Inc. 1988.